Accueil Société Elèves méritants dans un climat de médiocrité absolue: Comment les protéger de la stigmatisation?

Elèves méritants dans un climat de médiocrité absolue: Comment les protéger de la stigmatisation?

D’un côté, nous avons une élite (la vraie, celle qui agit en silence) qui quitte le pays sous la forme de ce qu’on appelle exode ou fuite des compétences. De l’autre, nous avons une élite en gestation qui lutte pour survivre. Dans ce climat de médiocrité absolue qui gagne chaque jour du terrain, des milliers de nos enfants (élèves et étudiants) peinent à se frayer une voie vers l’excellence. Car, tout est fait pour les décourager.

Forcément, le fait qu’il existe plus de 100.000 exclus du système scolaire annuellement réjouit une catégorie de personnes. Cette dernière saute sur de telles occasions pour stigmatiser la politique du pays en matière d’éducation et d’options choisies. En vérité, ce n’est pas le phénomène du décrochage scolaire qui les intéresse, mais c’est surtout son utilisation comme arme de lutte pour discréditer les autorités en place.

Le mérite noyé dans la masse

Aussi, mettent-ils en relief tout ce qui est négatif en vue de démoraliser les gens qui sont investis dans l’action éducative et remonter les jeunes défaillants contre le système politique. Donc, le seul but n’est autre que destructeur et déstabilisant. On aimerait, toutefois, rappeler que pour 2020, le nombre de défaillants scolaire a été ramené à 69.000 selon le ministre de l’Education. De plus, il ne serait pas inutile de préciser à ces Cassandre, qu’en Europe, on compte environ 4 millions de décrocheurs scolaires, dont 450.000 en France pour l’année 2016.

Nos mystificateurs ignorent pourtant qu’il y a autant, sinon plus d’élèves brillants qui sont noyés dans la masse et qui cherchent, difficilement, à  tracer leur chemin. En effet, on peut affirmer, sur la base de calculs simples, qu’il y a au moins 100.000 bons élèves dans nos collèges et lycées qui n’attendent qu’une reconnaissance. On sait que dans chaque classe, on récompense les trois meilleurs élèves. Comme il y a plus de 35.000 classes dans ces établissements, on parvient facilement à une bonne centaine de milliers d’élèves brillants.

Pourquoi ne parle-t-on pas de cette lueur d’espoir ? Bien sûr, les débiles ne peuvent pas louer les mérites de leurs contraires.

C’est alors que la question des élèves en avance sur leurs camarades est récurrente. Elle a été abordée à plusieurs reprises au cours de réunions et de conférences sur des thèmes comme les élèves surdoués ou à besoins spécifiques, etc. Le ministère de l’Education, lui-même, lui a accordé un intérêt particulier au niveau des textes uniquement. Mais dans la pratique, rien n’a été fait. Ainsi, un grand nombre de nos jeunes élèves sont livrés à eux-mêmes. Ils doivent se débrouiller, tout seuls, pour surmonter les innombrables obstacles qu’ils rencontrent dans leur parcours. C’est avec de très grandes difficultés qu’ils vivent leur quotidien immergés qu’ils sont dans une masse compacte de banalités et de débilités. L’espace dans lequel ils évoluent (particulièrement l’espace scolaire) n’est pas du tout adapté à leur profil. Bien plus, tout semble fait pour leur rendre la vie plus difficile.

Déstabilisation psychologique

Un “bon élève”, comme on dit chez nous, n’est plus le bienvenu. Dans sa classe, il se sent étranger. Souvent, il n’est pas accepté par ses camarades qui voient en lui la preuve continuelle de leur incompétence ou de leur incapacité à être comme lui. Alors, on fait tout pour le rabaisser à leur niveau. Pour ce faire, tous les moyens sont bons. Les pratiques utilisées vont de la moquerie à la déstabilisation psychologique. Ce qui rend le climat invivable pour ces élèves brillants. Certains s’excluent et s’isolent pour préserver leur intégrité. D’autres, par contre, sont victimes des intimidations constantes et se trouvent dans l’incapacité de se défendre. Ils subissent ainsi une forte pression et, du coup, l’école devient, à leurs yeux, un enfer.

Les conséquences sont, alors, catastrophiques. Ceux qui n’ont pas la force de résister, flanchent et peuvent aller jusqu’au décrochage sinon plus. En effet, on découvre, à travers ce quotidien insoutenable, le vrai visage de la nouvelle société que l’on est en train de façonner. Une société où prédomine la médiocrité et l’incompétence. Cette culture est encouragée par des comportements sociaux marqués par l’inculture et l’ignorance, mais qui donne une large part au mépris du savoir, de la décence et du savoir-vivre.

Des modèles nous sont donnés quotidiennement à travers des chaînes de télévision et des programmes de bas niveau ainsi qu’à travers des discours vantant la nullité et la bassesse. Des personnages fortement médiatisés et incarnant ces fléaux sont devenus des vedettes.  Dans ces médias et d’autres, on glorifie le crime, les scandales, les comportements indignes. Les réseaux sociaux ne sont utilisés que pour se faire l’écho de tels phénomènes.

En retour, presque personne ne s’intéresse à fournir à nos jeunes les moyens qui pourraient les aider à mieux vivre leur temps en exploitant leurs potentialités et leur énergie. Pratiquement, rien n’encourage à créer un environnement sain où notre jeunesse peut s’épanouir et se donner à fond comme dans les pays évolués.

Quand on voit ces scènes devant les établissements scolaires ou dans les rues, on peut se demander si un jour on parviendra à guérir ces fléaux qui ravagent nos jeunes. On se demande, aussi, pourquoi ces groupes d’élèves sortant de leur école, collège ou lycée se transforment en hordes sauvages, une fois dans la rue. Ils deviennent agressifs et violents.

Il est temps, pensons-nous, de se préoccuper de ce problème et d’amorcer au plus vite un véritable tournant dans notre système éducatif. Un système qui aura pour tâche de restaurer les vraies valeurs. Celles du mérite, du travail, de la compétence et du savoir.

C’est pourquoi  on aimerait que les autorités concernées s’investissent davantage dans cette voie et trouvent des solutions urgentes pour ces “bons” élèves qui subissent un calvaire quotidien dans leurs établissements. Beaucoup de promesses ont été faites dans ce sens. Mais il n’y a eu, jusqu’à présent, rien de vraiment tangible.

Que ceux qui prétendent chercher le bien de nos jeunes cessent leurs manipulations et leur instrumentalisation de la jeunesse. Il n’est pas exagéré de parler d’une stratégie ciblant les jeunes à travers la drogue, les extrémismes politiques et religieux ainsi que par la déchéance morale.

Les prédateurs ont placé leurs pions qui agissent dans l’enceinte éducative et aux alentours.

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Un commentaire

  1. Dabbabi Anas

    23 décembre 2021 à 07:09

    Bien dit, un très bon article

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